samedi 29 novembre 2008

En Afrique du Sud, la lutte contre le sida porte les stigmates du déni

AFP

Tous les matins à 8H00, Thabo Moloi avale ses deux petites pilules miracle. A 30 ans, ce Sud-Africain leur doit la vie sauve et n'arrive toujours pas à comprendre le précédent gouvernement, qui a refusé pendant des années de distribuer ces précieux antirétroviraux (ARV).

"Du moment que j'ai mes médicaments sur moi, je ne me fais pas de souci", lance le jeune homme, qui prend deux fois par jour ses ARV depuis le début de son traitement il y a trois ans.

"Ma santé est parfaite", dit-il. "Je l'attribue aux ARV. Ils sont mon carburant: si je ne les prends pas, je ne peux plus bouger".

Thabo Moloi prend part au plus grand programme mondial de lutte contre le sida, dont le gouvernement sud-africain s'enorgueillit aujourd'hui après des années de déni de la maladie.

Alors que le sida se répandait à travers toute l'Afrique du Sud, l'ancien président Thabo Mbeki a remis en question le lien entre VIH et sida, proclamant qu'il ne connaissait aucune personne séropositive au VIH.

Son ministre de la Santé, la fidèle Manto Tshabala-Msimang, proposait pour combattre ce fléau du jus de citron, des betteraves, de l'huile d'olive et de l'ail. Ce remède lui valu le sobriquet de "Docteur Betterave".

Une étude de l'Université Harvard vient d'évaluer les conséquences de cette politique: 365.000 personnes sont décédées entre 2000 et 2005 faute d'avoir reçu les médicaments adaptés.

"Ces gens sont morts à cause de l'ancienne ministre de la Santé et de l'ex-président. C'est aussi simple que ça", estime le docteur François Venter, à la tête de l'Association des cliniciens d'Afrique australe contre le VIH.

Aujourd'hui, quelque 550.000 Sud-Africains suivent un traitement adapté contre 12.000 en septembre 2004, lorsque les antirétroviraux ont été distribués par l'Etat. Le pays compte le plus grand nombre de séropositifs dans le monde avec 5,5 des 48 millions d'habitants porteurs du virus.

"Nous avons le plus grand programme mais aussi la plus grande population infectée par le virus. Il n'y a pas de quoi être fier", souligne M. Venter, pour qui le retard pris durant toutes ces années se fait encore ressentir en 2008 avec seulement 40% des besoins couverts.

L'arrivée de la nouvelle ministre de la Santé, Barbara Hogan, qui a pris son poste en septembre après la démission du président Mbeki, pourrait changer la donne. "Nous savons que le VIH est à l'origine du sida", a-t-elle affirmé.

Pour M. Venter, elle est la "nouvelle Obama", héritant d'"un système issu de l'enfer".

Au total, deux millions de personnes sont mortes du sida depuis les années 80 et 70.000 bébés naissent chaque année avec le virus, a précisé Andrew Warlick, militant au sein du groupe Treatment Action Campaign.

Consciente de ce large défi, l'Afrique du Sud va pour la première fois consacrer une minute de silence le 1er décembre. Mais le chemin est encore long, après des années d'inaction, pour faire baisser le taux d'infection et pousser les gens à se faire dépister.

"L'héritage de l'ancienne ministre de la Santé ne se résume pas au VIH mais s'étend à l'ensemble du système de santé", souligne M. Venter. Les Sud-Africains qui le peuvent sont de plus en plus nombreux à se tourner vers le privé pour se faire soigner.

En 2004, la distribution des ARV dans les hôpitaux publics, considérés comme de véritables mouroirs, est arrivée trop tard pour la soeur de Thabo Moloi. Sa famille, incapable de payer les 1.200 rands (120 dollars/ 94 euros) mensuels pour son traitement dans le secteur privé, n'a eu d'autre choix que de la regarder mourir, à 32 ans.

"S'ils avaient distribué les médicaments à temps, ma soeur serait toujours en vie", enrage encore aujourd'hui Thabo.


L'ancienne ministre de la santé, influencée par les stupidités du pseudo-docteur Rath et de Beljanski? Peut-être. En tous cas, ces stupidités, propagées par les bons soins des adeptes d'AMESSI tuent. Il est vrai que ce ne sont que des Africains, alors quelle importance?

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